Mad Men : Après l'enfer, le purgatoire ?

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Adorée ou détestée, Mad Men ne laisse personne indifférent. A l’aube du lancement de l’ultime saison sur le réseau câblé américain AMC, retour sur un programme qui est avant tout une réflexion sur nous même et le monde post moderne qui nous entoure.


Dans le New York du début des années 60, l'agence Sterling Cooper Advertising est une enseigne qui monte. Directeur de création, Don Drapper est un homme au passé mystérieux dont l'instinct et le charisme séduisent à la fois les femmes qui l'entourent et les marques qu'il courtise. Mad Men, c’est le surnom donné aux publicitaires de Madison Avenue. « MAD » comme Madison, mais aussi « AD MEN » comme pubars. En moins de six ans d’existence, c’est le monde entier qui est devenu accro à cette série écrite par le show-runner Matthew Weiner. Publicité, sexe, alcool et tabagisme, tels sont les constantes de ce programme qui fait fantasmer des millions de téléspectateurs.


Mad Men


Marketing du cynisme, misogynie, racisme, chaque saison semble sonner comme un réquisitoire contre les travers et les rites de notre époque. Boire, fumer, tromper sa femme avec sa secrétaire, c’est le miroir d’une société qui en dit long sur celle d’aujourd’hui. Une société tellement enlisée dans ses propres contradictions qu’elle en devient presque touchante, nous renvoyant à chaque épisode une image de nous même qu’on peine à accepter. En 2011, lors de sa master class au Forum des Images à Paris, Matthew Weiner argumente : « J'ai toujours imaginé faire une série sur cette époque (...) Je m'identifiais avec cette perception d'une époque au cours de laquelle la réussite économique était une donnée acquise. Et cette situation vous permettait de vous concentrer sur les autres aspects de votre vie. Pourquoi ne suis-je pas heureux ? Pourquoi ne suis-je pas plus satisfait ? Devrais-je me sentir plus redevable de ma situation ? » A travers le personnage de Don Drapper, qui a usurpé l’identité d’un soldat durant la guerre de Corée pour rentrer chez lui, Mad Men interroge l’homme sur sa place dans cette société de consommation qui commence à prendre de l'ampleur.



La saison six était placée sous le signe de la recherche identitaire de Don Drapper. Tel Dante et Virgile, Don descendait les neuf cercles de l’Enfer jusqu’à sa propre damnation. S’interrogeant sur son enfance passée dans un bordel, Don tentait de reconstituer les morceaux de sa vie, sans voir qu’il était en train de perdre son principal repaire : sa famille. Malgré un plan final qui se posait comme un passage de témoin générationnel, on ne pouvait s’empêcher de penser qu’il s’agissait là d’un point de non retour.



Après nous avoir laissé sur un épisode final où Don voyait lui échapper sa vie, cette dernière saison nous plongera dans les évènements tumultueux de cette années 1968, époque charnière qui fit basculer le monde dans l’air de la post-modernité. Diffusée en 2 parties, on note l’arrivée du légendaire Robert Towne (Chinatown, The Missouri Breaks, Mission Impossible…) dans l’équipe de scénaristes, ce qui augure des séquences d’anthologie. Est-ce que Sterling Cooper Drapper & Price va résister à la fusion ? Est-ce que Peggy va s’émanciper véritablement du carcan dans lequel elle s’est mise? Est-ce que Don va racheter son âme en immigrant à Los Angeles ? Réponse le 13 avril.


 


 


Clement Lemoine (@ Twitter / @ Tumblr )

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