Un peu avant la chute de Saigon, en 1975, les gravures sur Zippo était réalisées par 3 graveurs officiellement mandatés par l’armée américaine et le Marines Corps. Ces gravures étaient réalisées pour quelques petites unités, des cadeaux d’anniversaire ou de départ. Reflet d’une époque révolue, ces gravures agissent comme de froids témoins de la vie, des humeurs et des sentiments des GI’s au Vietnam.
Le briquet, apparait peu ou prou en 1933 à Bradford en Pensylvanie. Très vite le briquet tempête, tel qu’on l’appelait en France dans les années 80, remporte un franc succès en raison de sa capacité à rester allumé même en cas d'intempéries. La guerre aidant, l’objet reçu une popularité inestimable dans les rangs de l'armée. Il a d’ailleurs joué un grand rôle dans presque toutes les conflits depuis sa création - le réchauffement des organismes, le partage d’une cigarette, ou de la flamme du briquet restent des marqueurs poignants de l’imagerie militaire de ces années de tourmente.
Dans la culture populaire, le «cliquetis» émit lors de l’ouverture du Zippo comme marqueur auditif, est devenu aussi emblématique à Hollywood, que son design et sa fonction d'origine. Bien que populaire dans la Seconde Guerre mondiale, il a fallu attendre que le conflit vietnamien pour voir apparaitre les premières gravures. Des messages personnels, de véritables petites œuvres d'art, illustrées des expressions, maximes et des images qui reflétaient un large spectre d’émotions et de croyances.
Pour les lettrés, "If you're not with the one you love, love the one you're with","Candy is dandy, but sex doesn't rot your teeth","Napalm sticks to kids", "Kill them all, let God sort them out" ou encore, “Yea though I walk through the valley of the shadow of death I will fear no evil for I am the evilest son of a bitch in the jungle”, “Death from Above”, “We the unwilling led by the unqualified to kill the unfortunate die for the ungrateful” et le glacial “The only thing I get out of killing a person is the recoil of my rifle.” furent des messages très populaires. Pour les moins verbeux, la tête de mort, la pinup ou encore l’insigne de l'unité ou du corps permettait d'illustrer des émotions refoulées.
Dès 1982, ce sont les businessmen japonais qui commencent à s’intéresser à ces souvenirs, préférant des gravures pornographiques. A l’époque déjà ces briquets sont des vrais faux. Vrais briquets Zippo mais fausses gravures d’époque. Mr Lac Long, un des derniers marchant chinois qui assure l'approvisionnement et la gravure de ces vrais faux Zippos.
Dés lors des marchands du surplus des équipements de l’armée américaine et de l’armée sud vietnamienne vont écouler des milliers de ces vrais faux témoins muets.
Aujourd’hui les rares marchands survivants de cette époque sur la rue Yersin dans l’antre du marché Danh Sinh, n’auront aucuns scrupules à vous faire choisir entre des vrais faux et faux faux briquets. Vous vous en sortirez pour quelques milliers de VND (quelques Euros…). Récemment, Bradford Edwards, un collectionneur de quelques-uns des plus beaux spécimens de Zippos vintages, a décidé de mettre aux enchères quelques 282 pièces de sa collection. De la vente il tira environ $ 35.000 USD. Bien que d'un montant semble exorbitant, il est difficile d'argumenter sur la valeur de ces briquets – artefact historique, bijoux de l’imaginaire militaire, ou effet très personnel l’objet n’a pas de valeur au regard de l’absurdité de tout conflit.
Un peu plus sur ce phénomène, en suivant ce lien vers la plus grande librairie du monde.
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