Her : La Dématérialisation des Sentiments.

L'année derniere sortait sur nos écrans le très beau « Her » de Spike Jonze. Même s’il n’a pas eu le succès escompté, le réalisateur de « Dans la peau de John Malkovitch » dépeint une histoire d’ amour impensable et bouleversante ainsi qu’une vision brillante de notre vie ultra connectée, dans un futur pas si éloigné de nous.


Spike-Jonze-Her


Paradoxalement, avec quatre films en quinze ans, Spike Jonze reste un artiste prolifique. Clips, publicités, court-métrages (notamment le magnifique I’m Here ), acteur moustachu et zozotant chez Scorsese, il est un véritable touche à tout de génie comme seule l’Amérique sait en produire. A bientôt quarante cinq ans, Jonze s’attaque désormais au mélodrame de manière totalement assumée et salvatrice. Dans un futur proche, Théodore (génial Joaquin Phoenix) est dans un moment de détresse affective. Il va faire l’acquisition d’un nouveau système d’exploitation prénommé Samantha (la voix envoutante de Scarlette Johansson), qui va se révéler être une intelligence artificielle extrêmement évoluée et capable de reproduire (et de ressentir?) des sentiments et des émotions humaines. Ils vont alors tomber amoureux et vivre une romance quasi impossible.


 



 


Que les choses soient claires, Her n’est pas un pamphlet sur le devenir du virtuel à l’aune de nos rapports humains car il évite toutes formes de postures moralistes et péremptoires. Récit de deux personnes qui gravitent autour d’un seul et même visage, le film est bel et bien un pari en soi : comment faire admettre au spectateur cette histoire comme si tout cela était quelque chose de naturel ? A cette question, Spike Jonze répond de manière sensible et généreuse. Evacuant dès les premières minutes le fonctionnement technique de Samantha, Her  provoque en nous cette fameuse suspension d’incrédulité qui ne nous lâche pas durant les deux heures que dure le film. N’oubliant jamais son sujet, il signe quelques scènes très « premier degré », adéquates et pleines de tendresses. A la manière d’un Frank Capra, le film renvoie des moments de pure comédie romantique comme cette séquence où Théodore se promène avec Samantha comme un jeune couple en goguette (à deux donc mais physiquement seul, vous suivez ?). Her  est avant tout une histoire d’amour simple et touchante.


Spike-Jonze-Her


Comme François Truffaut avant lui, Spike Jonze semble nous dire que l’amour « c’est le sujet des sujets ». Malgré quelques inégalités, le réalisateur ne dévie jamais de sa trajectoire et nous fait ressentir la tendresse et la sincérité de l’amour entre ses deux personnages. Il nous signifie que malgré tout ce qui nous sépare, il reste ce sentiment indéfectible qui fait que, sans l’autre, nous ne pourrions exister. Comme dans un couple, c’est l’harmonie entre les différences qui crée l’unicité. L’amour est tellement présent qu’il vampirise l’espace dans la vie, dans les bureaux, dans les usines, dans la réussite comme dans l’échec. A l’heure où tout le monde s’entre déchire et où le cynisme est devenue une vertu, il est indispensable de voir Her simplement parce qu’il nous fait comprendre que l’amour reste ce grand moteur humain, notre seul et unique dénominateur commun.


  








Clement Lemoine (@ Twitter / @ Tumblr )










Commentaires

Tomtom76190 le 06/05/14
Superbe article, je vais regarder le film du coup !!
En plus, j'adore le cinéma décalé de Jonze...
Bonne continuation !!!

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